Le fondateur

11 avr. 2024

À 19 ans, Mario travaillait dans les bars comme barman, portier et gérant. Le jeune homme a ensuite fait un détour de deux ans dans le monde de la musique. Même si son premier album autofinancé se glisse dans la liste des 15 meilleurs albums francophones du journal Voir en 2006, Mario décide de ne pas en faire un deuxième ; il faut payer le loyer. Il retourne alors à son ancienne école secondaire pour entraîner l’équipe de football.

Pendant ses années en musique, dans les bars ou comme entraîneur, Mario développe sa passion pour les spiritueux. Il en possède une grande collection à la maison et ses connaissances sur le sujet croissent d’année en année. Mario lance même un blogue sur les cocktails, Les Histoires du Coq, où il raconte toutes sortes d’histoires personnelles qu’il associe à un cocktail.

«J’ai toujours été fasciné par les spiritueux, se souvient-il. Je me rappelle, quand j’étais petit cul, mon oncle avait une salle de réception et quand j’allais l’aider pour faire le bar, j’étais captivé par le nombre de bouteilles d’alcools. Même si je ne les buvais pas, j’étais capable de te dire les ingrédients de n’importe quel cocktail, car je les étudiais. C’est ma grand-mère qui m’a initié au rituel de l’aperitivo et des amers italiens. J’ai passé un été seul avec elle en Italie et elle m’a fait découvrir les amers italiens.»

Après cinq ans passés sur les terrains de football, Mario retourne à ses premiers amours en 2013 en participant à l’ouverture d’un nouveau bar à cocktails sur la rue Fleury, dans le quartier Ahunstic; Les Incorruptibles. Quelques mois plus tard, il devient ambassadeur de marque chez Absolut, puis chez Havana Club. Il se fait rapidement approcher par une distillerie québécoise pour devenir l’ambassadeur de la nouvelle vodka Quartz, puis de tout le portfolio des Spiritueux Ungava.

«Pendant que je travaillais chez Ungava, j’ai développé une expertise dans les amaros [liqueurs amères]. Je me suis dit que j’allais tenter de faire le meilleur amaro d’ici, raconte Mario à propos des premiers balbutiements de ce qui deviendra Iberville. On a donc fait macérer des plantes dans de l’alcool et on a fait toutes sortes de tests qui se sont avérés délicieux, alors on en a offert des bouteilles à nos amis et à notre famille à Noël 2016.»

L’idée de créer sa propre entreprise de spiritueux commence à germer dans la tête de Mario. Une rencontre avec le jeune fondateur de l’entreprise de charcuterie Pork Shop, Frédéric Daoust, sera déterminante.

«J’étais invité à une émission de radio pour parler de cocktails dans le cadre de mes fonctions chez Ungava. J’ai pensé servir un petit apéro avec les cocktails que j’allais préparer. Fred a accepté de fournir les charcuteries dont j’avais besoin et il est même venu avec moi à la station. Je lui ai glissé un mot au sujet de mon projet. Le lendemain il m’a appelé pour me dire que si j’étais sérieux, il souhaitait investir dans la commercialisation des premières liqueurs amères québécoises d’inspiration italienne.»

«Ce sont eux qui m’ont convaincu de le faire, affirme Mario. Mais à l’époque, on n’avait pas encore de plan d’affaires. Un soir, juste pour voir, j’ai commencé à mettre des chiffres dans un tableau Excel. J’ai réalisé que ça pouvait marcher financièrement. Donc, à la place de prendre la semaine de vacances que j’avais de prévu à la fin du mois de mai, j’ai écrit le plan d’affaires. On a réussi à rassembler d’autres investisseurs et on a fondé Iberville. Pouffffff. Simple de même.»

C’était tout un risque que Mario prenait, mais il souhaitait le faire pour honorer son grand-père et dignement célébrer le mariage de ses deux cultures.

À peine deux semaines après avoir fondé l’entreprise, il a soumis les deux premiers produits à la Société des alcools du Québec (SAQ). « Quatre jours plus tard, les deux produits étaient acceptés à la SAQ. C’était le 6 juillet 2017. On doit détenir le record des produits acceptés le plus rapidement à la SAQ. Ils nous ont alors donné 14 jours pour leur donner les échantillons finaux, ce que nous n’avions pas. Donc, pendant deux semaines, on était à la distillerie 24 heures par jour, 7 jours sur 7 pour terminer nos produits! »

Le 20 novembre 2017, les deux premières liqueurs amères d’inspiration italienne, mais bien québécoises, l’Amermelade et l’Amernoir font leur entrée sur les tablettes de la SAQ.

«C’était important pour moi de garder cette dualité entre l’Italie et le Québec ; elle fait partie de ma personnalité. Je voulais partager l’influence italienne, mais le faire le plus d’influence locale possible. Un beau défi ! Ainsi, l’argousier, le vinaigrier et le myrique baumier ont fait leur entrée dans l’élaboration de l’Amermelade, et le poivre des dunes dans celle de l’Amernoir.»

«Avant il n’y avait pas vraiment de choix de spiritueux amers à la SAQ. Aujourd’hui, les vermouths et les bitters sont très appréciés. On doit maintenant donner aux Québécois les meilleurs produits d’ici.»



Bouteill d'amaretto
Bouteill d'amaretto